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autoportrait au chat 1928 (détails)

huile sur toile 34x25cm

MNAM Centre Pompidou

Foujita dans la plénitude de sa maturité se représente avec son chat. Animal plutôt maléfique au Japon, le chat symbolise la rébellion de l’artiste. Objet de son affection, seul être vivant autorisé à cheminer dans l’atelier durant les heures de travail, Foujita considère son chat comme la perfection incarnée sur terre. Il est son esprit, son inspiration. À sa palette, à sa table de travail et à ses pinceaux, il choisit d’étreindre l’animal complice qui dort sur sa poitrine. Le chat s’abandonne, le maître veille. C’est le monde à l’envers. Celui que Foujita entend vivre dans le plus sain des bouleversements. En quittant le Japon en 1913, Foujita rompt avec les usages ancestraux d’un pays trop codifié à ses yeux. Loin d’en souffrir, cet éloignement lui permet au contraire d’exister en tant qu’individu libre et entreprenant. Une indentification qui ne peut se faire que grâce à cette rupture, dans le dépassement, l’incertitude et la quête d’un style personnel. [...] Pour se différencier, Foujita se forge un personnage excentrique qu’il met si bien en scène qu’il appartient vite à la mythologie du Montparnasse des Années Folles. [...] Dans le portrait, telles les mimiques de l’acteur du théâtre japonais Kabuki, l’œil droit regarde en haut, le gauche plus bas comme si le peintre nous disait embrasser tout l’univers. Sa frange, peinte cheveu après cheveu, épouse parfaitement l’anatomie du front bombé, celle des arcades sourcilières et introduit la puissance du regard adouci par la délicatesse du dessin de la bouche et tout l’humour contenu dans la forme des boucles d’oreille. Loin d’être anodine, la forrme sinueuse des mains donne aux doigts l’impression de caresser, de bouger. [...] Foujita ayant mis au point en 1921 une technique de peinture à l’huile lui permettant aussi de dessiner à l’encre de Chine sur un fond préparé à base de colles animales et de gesso, il imite l’ivoire et travaille aussi bien avec des grosses brosses pour patiner ses fonds et construire ses ombres qu'avec de fins pinceaux de calligraphe pour tracer le contour des formes. Un alliage de contrastes qui signe le style Foujita.

 

extrait du texte écrit par Sylvie Buisson pour le Centre National d'art et de culture Georges Pompidou pour le catalogue des Coll. du MNAM en 2006, repris pour le cat. de l'exposition "Portraits", (exposition conçue par le Centre Pompidou) présentée à la Fondation Gianadda à Martigny, à la Fondation Mapfre à Madrid et au Palazzo Reale à Milan (2012-2014)

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